Une mannequin prend la pause - Puzzle 3
Une mannequin prend la pause, dans un menu couloir, occupe tout le volume
Palpant ses cheveux de renard, ornés d’un chapeau ébouriffé de fringantes plumes
Sur un mur blanc, en guise de miroir, éclairée par le flot puissant d’une lumière prégnante
Elle se mire dans son ombre chinoise, cette dentelle animale qui s’anime virevoltante
Assise à terre, son dos offert, sa coiffe exubérante de finesse, frémit, distraite esthète
Sur une moquette d’écailles de tortue, les mains gantées délicatement posées
Elle a singulière allure, les genoux resserrés, en équerre bien disposée
Portant solennellement un cœur, une croix, une prière au-dessus de la tête
Zoom sur la scène, un filet ténu souligne la grâce de son épaule nue
Remonte vers l’épais chignon rouille en escargot, d’élégance par un chapeau bien vêtu
Dans l’expectative, elle attend, elle regarde, elle n’est pas la seule d’ailleurs, on ne sait quoi
La porte tout là-bas, ou bien plus loin, son âme est certainement prise d’un subtil émoi
C’est peut-être le matin dans une rue voisine, par terre, une image impalpable
Un kaléidoscope contemporain acculé, un tas rassemblé par le vent sur le bitume
Exprimant la beauté, dans un enchevêtrement de couleurs et de formes improbables
Fait de tout, de rien et retenant l’attention d’une cigogne qui justement transhume
À moins qu’elle ne rêve que de bon sommeil
D’un enchevêtrement débordant d’épais oreillers
Une blancheur d’hermine immaculée de fins graviers
Ces cailloux doux semés direction merveille
D’une toile de jute sous le vent
Moussaillon hisse la voile
Et voguons de l’avant
Vers là-bas, la grande ourse, l’étoile
Ou plus grave, le regard attendrissant
D’un taureau dans l’arène
La mort en compatissante peine
Sous la coupe d’une épée chancelant
Ou plus gai, à un poisson dans l’eau
Qui fait des bons de gazelle
Se dorant le dos
Sous les rayons fauves du soleil
Peut-être de tout cela à la fois et sans dessus dessous
Les lignes de son esprit s’agitent comme une puce savante
Sous le poids léger du chapeau d’une magicienne époustouflante
D’où émerge de multiples lapins voyageurs tel un fleuve pris de remous
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Ce troisième puzzle avec Jacques Rawski (et les coiffes de Jessica Rousseau) vous invite à un voyage avec des ombres animales, épousant soigneusement les pérégrinations de l’esprit d’une mannequin qui prend la pause.
Page Facebook de Jess et Jacques Rawski : https://www.facebook.com/jessjacques.rawski
Graphie du poème qui étonnamment ou non ressemble à une tête ouverte vers le ciel